Ringier en 2024 : repli du chiffre d’affaires, mais bond de la rentabilité grâce au numérique

Le groupe Ringier a publié ses résultats pour l’exercice 2024, marquant une année de transition contrastée : si le chiffre d’affaires global est en net recul (800,6 millions CHF, -13 %), la rentabilité opérationnelle progresse fortement, avec un EBITDA en hausse à 118,8 millions CHF (+13 %) et une marge atteignant 14,8 % (contre 11,5 % en 2023).
Un repli concentré en Suisse
Le chiffre d’affaires du groupe recule principalement en raison d’une forte baisse sur le marché suisse, qui passe de 617,0 à 475,7 millions CHF. Tous les postes y sont en baisse : les revenus numériques chutent de près de 100 millions (310,8 à 213,9 millions CHF), les revenus d’impression sont quasiment divisés par deux (57,7 à 26,7 millions CHF), et les recettes publicitaires reculent légèrement (de 72,5 à 67,5 millions CHF). Seule légère stabilité : les recettes issues d’événements et autres activités médias (35,5 millions CHF contre 40,5 millions en 2023).
Croissance à l’international
À l’inverse, l’activité en Europe et en Afrique progresse (+7,6 %), avec une hausse notable des revenus numériques (245,5 millions CHF contre 223,7 millions en 2023). Le reste des postes (ventes, publicité, impression) reste relativement stable. Cette dynamique confirme la stratégie internationale de Ringier, notamment via ses plateformes digitales et ses activités dans le classified (emplois, immobilier, automobile).
Une rentabilité numérique toujours plus forte
Malgré la baisse des revenus numériques (459,4 millions CHF contre 534,5 millions CHF en 2023), leur part dans le chiffre d’affaires reste stable à 58 %. Surtout, leur contribution à la rentabilité s’accroît : **82 % de l’EBITDA du groupe provient désormais du numérique**, un chiffre en léger recul par rapport au pic de 83 % en 2023, mais qui confirme la mutation profonde du modèle économique de Ringier. À titre de comparaison, cette part n’était que de 28 % en 2013.
Cette performance s’explique par des activités digitales à haute marge et des efforts d’optimisation sur les structures, combinés à une rationalisation des activités traditionnelles, en particulier l’impression.
Vers un modèle numérique consolidé
Ces résultats illustrent une tendance déjà amorcée depuis plusieurs années : la bascule de Ringier vers un modèle d’entreprise numérique, avec un recentrage sur les activités les plus rentables et une volonté affirmée de consolider sa présence sur les marchés porteurs. Le recul du chiffre d’affaires suisse invite néanmoins à s’interroger sur la soutenabilité de ce repositionnement, notamment dans un contexte de transformation rapide des usages médias et de pression sur le secteur publicitaire.
Conclusion : Ringier traverse une phase d’adaptation stratégique où le recul de certaines activités traditionnelles est largement compensé par la solidité de son écosystème numérique, devenu le moteur de sa rentabilité. Une trajectoire qui pourrait servir de modèle à d’autres groupes médias suisses en quête d’un nouvel équilibre économique.
Pour Marc Walder, CEO de Ringier, «Les résultats de 2024 démontrent la capacité du groupe à maîtriser les changements, à saisir les opportunités et à établir de nouveaux standards dans le secteur. Pour 2025, les investissements se concentrent sur l’intelligence artificielle, les ontologies de données et les technologies évolutives. L’objectif est d’exploiter les synergies de manière encore plus ciblée, d’augmenter encore l’efficacité et de continuer à développer nos services numériques dans les médias, les médias sportifs, les places de marché et la billetterie.»